il y a 13 ans 24 050 Contributions
Engageons nous pour une pêche responsable et durable
Rappel de certaines contributions lors du Forum :
" A qui appartient le poisson ? "
Allocution d’introduction du coordonnateur du Forum, M. Gaoussou GUEYE :
Monsieur le représentant du Ministère de L’économie Maritime,
Monsieur le Maire de la Commune de Mbour,
Monsieur le Préfet du Département de Mbour,
Madame la Directrice de l’Ancar,
Monsieur le Coordonnateur du Forum Rural Mondiale (Afrique),
Monsieur le représentant de la Fondation Rurale de l’Afrique de l’Ouest (FRAO),
Monsieur le Président de la Coalition,
Madame la Présidente de la Coalition,
Mesdames et Messieurs, Chers invités
C’est avec un grand plaisir mais également beaucoup d’humilité, que je prends la parole pour vous souhaiter la bienvenue à cette deuxième édition du forum de la pêche de Mbour, forum consacré à deux thèmes d’une brulante actualité : la sécurité alimentaire et la pêche (cas des petits pélagiques) d’une part, la surveillance participative d’autre part.
Au nom de la Coalition des Professionnels de la Pêche Artisanale, de l’Association pour la Promotion et la Responsabilisation des Acteurs de la Pêche Artisanale à Mbour, ainsi qu’à mon nom personnel, je vous remercie d’avoir répondu à notre invitation, en dépit de vos calendriers respectifs très chargés.
Au cours de cette journée, nous allons nous atteler à un exercice certes passionnant mais également difficile, eu égard aux nombreux aspects que recouvrent les concepts d’autosuffisance alimentaire, de sécurité alimentaire et de souveraineté alimentaire.
Je souhaite vivement que de nos échanges jaillissent des recommandations pertinentes, susceptibles de favoriser l’exploitation durable des ressources halieutiques dont la nature a doté de notre pays. Ces ressources halieutiques, nous avons le devoir de les exploiter en veillant à ce que la satisfaction des besoins du présent ne doit pas compromettre les possibilités pour les générations futures à satisfaire les leurs.
Mesdames et Messieurs, chers invités,
Comme vous le savez, l’autosuffisance alimentaire a constitué le credo des années 60, dans la phase de construction des Etats-nations. La sécurité alimentaire lui a succédé lorsqu’il s’est agi de réformer et de libéraliser les économies y compris la pêche. Enfin, ces dernières années est apparu le concept de souveraineté alimentaire.
L’autosuffisance alimentaire se définit comme la possibilité de subvenir aux besoins alimentaires par sa seule et propre production. Définition, traduction, prononciation, anagramme et synonyme sur le dictionnaire libre Wiktionnaire.
Le concept de sécurité alimentaire a évolué durant ces deux dernières décennies étant d’abord perçu comme la disponibilité d’une offre nationale suffisante en denrées alimentaires. En outre, depuis une dizaine d’années, sécurité alimentaire est définie, comme l’accès pour tous les individus, à tout moment, à une nourriture en suffisance, permettant de mener une vie saine et active. Les composantes essentielles dudit concept sont : la disponibilité physique des aliments, l’accès aux aliments, ses caractéristiques physiques et culturelles, la prise en considération des conditions futures, la non concurrence des autres besoins. Il manquait encore une dimension politique à la notion de sécurité alimentaire. Depuis le Sommet Mondial de l’alimentation de la FAO de 1996 La souveraineté alimentaire exprime « le droit pour les peuples et leurs gouvernements de définir les politiques agricoles et alimentaires de leur choix ».
Veillez, Mesdames et Messieurs, me permettre de rappeler qu’au Sénégal, la pêche représente 1,7% du PIB et 12,7% des recettes d’exportation en 2009, le nombre de pirogues actives est estimé à 8.376 et celui des pêcheurs actifs à 54.315 personnes. La production de l’année 2009 est de 445.456 tonnes, pour une valeur commerciale de 165 milliards FCFA. La consommation de poisson par habitant et par an est de 26 kg au niveau national et de 43 kg pour la région de Dakar. En ce qui la concerne, la production nationale de produits transformés est de 46.143 tonnes exportés à 70,8%, le reste est consommé localement. Quant à la pêche industrielle en 2009 ses captures étaient de 51.830 tonnes et les exportations de produits halieutiques estimées à 113 milliards FCFA de recettes, soit 23% des principaux produits exportés. Concernant les emplois on considère que 7% de la population totale (dont les 2/3 dans la pêche artisanale) et 17% de la population active évoluent dans le secteur de la pêche.
Il s’agit donc d’un secteur très important de notre économie nationale qui fournit, à la fois, des devises, des emplois et de la nourriture (70% des protéines consommées proviennent du poisson) et 72% des mises à terre sont constituées de petits pélagiques côtiers sans lesquels, ₺ le thiébou jeun national₺ ne serait pas à la portée des populations sénégalaises.
Comme indiqué à l’article 3 de la loi portant code la pêche maritime, ₺la gestion des ressources halieutiques est une prérogative de l’Etat. L’Etat définit, à cet effet, une politique visant à protéger, à conserver ces ressources et à prévoir leur exploitation durable de manière à préserver l’écosystème marin. L’Etat mettra en œuvre une approche de prudence dans la gestion des ressources halieutiques₺.
Mesdames et Messieurs, chers invités,
Nous avons donc le devoir de veiller à ce que l’exploitation des ressources halieutiques soit effectuée de manière responsable et que la satisfaction de nos besoins du moment ne constitue pas une menace pour les générations futures à satisfaire les leurs.
A cet égard, des initiatives comme celles consistant à accorder, en violation de la loi, des autorisations de pêche à des chalutiers pélagiques étrangers, au motif que si on ne les autorise pas pêcher dans les eaux sénégalaises les petits pélagiques qui sont des espèces migratrices, celles-ci le seront au niveau des pays voisins. Il en est de même de la convention signée en juin 2010 entre la société privée chinoise Poly Handone Pelagics Fisheries, convention que les députés mauritaniens des partis d’opposition ont refusé d’adopter lorsqu’elle leur a été soumise au début de ce mois de juin 2011, suivant en cela la forte opposition des acteurs mauritaniens. De tels actes, ne doivent pas se perpétuer au risque de mettre les populations en état d’insécurité alimentaire.
C’est le lieu d’inviter les acteurs du secteur à ne plus se limiter à réagir à des initiatives de l’Etat préjudiciables à l’exercice d’une pêche durable mais plutôt à faire mieux en créant, formellement, un cadre de concertations entre artisans, industriels exportateurs, consommateurs et autres . Il s’agit de créer un organe de propositions voire d’anticipation et non une structure de revendications et de protestations.
Les acteurs que nous sommes réaffirmons aux autorités étatiques, notre disponibilité pour apporter notre modeste contribution tant pour la gestion des ressources halieutiques que pour la surveillance des zones de pêche, afin d’assurer notre sécurité alimentaire.
En Europe, les défenseurs de la nature ont, à juste raison adopté le slogan suivant : les nations pauvres encaissent l’argent ; les riche envoient des chalutiers. Nous ne devons pas ménager nos efforts en direction des décideurs de notre pays, afin que ce slogan perde sa pertinence. Nous le devons aux générations futures. Comme dirait kocc barma, le sage : Maar takhoul naane potitt.
Je vous remercie de votre aimable attention.
Le Coordonnateur du Forum
Allocution de Mme Ndeye MBENGUE, Présidente des Femmes de la Coalition du Quai de Mbour :
Allocution de la Présidente des femmes de la Coalition du quai de Mbour
THEMES
- - Sécurité Alimentaire et la pêche (cas des petits pélagiques)
- - Surveillance participative
Monsieur le représentant du Ministre, Monsieur le Préfet du département de Mbour, Monsieur le Maire de la ville de Mbour, chers invités,
Au nom de toutes les femmes membre de la Coalition des Professionnels de la Peche Artisanale du Quai de Mbour, je vous souhaite la bienvenue en cette journée du deuxième forum de la pêche à Mbour.
Au Sénégal, la pêche artisanale contribue beaucoup à la sécurité alimentaire et joue par conséquent un très grand rôle dans l’économie.
En fait la pêche occupe la première place dans l’économie du Sénégal et La femme joue un rôle de premier plan dans ce secteur, quand bien même la portée de sa contribution est souvent mal connue.
Pour cela il est nécessaire d’organiser les femmes de manière qu’elles puissent affronter les aléas du secteur, d’aménager des infrastructures complémentaires pour étendre les sites de transformation, de former les femmes à l’usage des techniques garantissant la qualité des produits. Il faudrait améliorer le système de financement et baisser les taux d’intérêt afin de faciliter l’accès au crédit.
La femme est particulièrement active dans la transformation et la commercialisation du poisson. Leur implication étant faible dans la production, des mesures devraient tendre à développer leur capacité dans le domaine de la gestion et à améliorer les techniques de traitement et de distribution. Cela assurerait leur autonomie et leur responsabilité dans la prise des décisions qui les concernent.
Ces solutions ne peuvent voir le jour que dans le dialogue et de profonds d’échanges d’idées entres différentes parties du secteur de la pêche d’ou l’importance du forum.
Bonne journée.
Ndeye Mbengue
Présidente des femmes de la Coalition
Allocution de Mme KANE, Directrice de l’ANCAR (zone Niayes) :
Monsieur le Représentant du Ministre de l’Economie Maritime,
Monsieur Le Préfet du département de Mbour,
Monsieur le Maire de la Commune de MBour,
Monsieur le Coordonnateur du forum,
Monsieur le Président de la Coalition des Professionnels de la pêche artisanale de Mbour,
Madame le Présidente des femmes,
Mesdames et Messieurs les Partenaires,
Chers invités,
C’est pour moi un réel plaisir d’être présente au second forum de la Coalition des Acteurs Professionnels de la Pêche Artisanale de Mbour (CPPAM). Ce forum fait suite au premier organisé en juillet 2010 et qui était centré sur les thèmes de la bonne gouvernance, de la problématique du financement de la pêche artisanale et de la valorisation des captures.
Il y a donc de cela un an et la Direction Régionale de ANCAR Dakar était fortement associée à la manifestation.
Notre agence, exerçant un service public de conseil agricole et rural, intervient dans l’agriculture, l’élevage, la pêche et dans toute autre activité annexe et connexe à la production (approvisionnement, transformation, conditionnement etc).
Dans le cadre du redéploiement de l’ANCAR en zones agro écologiques devenu effectif depuis octobre 2010, la Direction Régionale de Dakar, une grande partie de la région de Thiès, le département de Kébémer et celui de Saint Louis ont été regroupés constituant ainsi la zone Niayes de l’ANCAR.
L’objectif fixé à l’Ancar par la LOASP à travers le PSAOP II est d’animer et de piloter un conseil agricole et rural décentralisé, permettant aux petits producteurs de consolider les acquis du PSAOP I (améliorer durablement la productivité, les productions, la sécurité alimentaire et les revenus) et de renforcer l’offre de service par l’identification et l’agrément de différents prestataires publics et privés.
Pour rappel, La Direction Régionale de Dakar avait appuyé et accompagné le processus de création du CONIPAS qui a abouti à sa mise en place à Saly (Mbour) en Aout 2003. Depuis, des résultats forts bien appréciés ont été enregistrés parmi lesquels.
- Le partenariat établi en janvier 2008 avec la Fédération Nationale des Pêches (FNP) section Pêche artisanale de la Mauritanie. Les deux organisations ont créé une commission mixte des professionnels de la pêche artisanale du Sénégal et de la Mauritanie pour résoudre les problèmes nés des activités de pêche entre les deux pays. Elles se rencontrent annuellement et ont en charge le suivi et la commercialisation de 15 % des débarquements inscrits dans le protocole d’accords de pêche liant les deux pays. Ce protocole prévoit l’octroi de licences de pêches pélagiques de la part de la Mauritanie à l’endroit du Sénégal ;
- La création en mars 2010 de la Confédération Africaine des Organisations Professionnelles de la Pêche Artisanale(CAOPA) dont la présidence est assurée par la Mauritanie et le Secrétariat Général par le Sénégal. Aujourd’hui la CAOPA compte à son actif 14 pays membres.
En choisissant d’organiser ce présent forum autour du thème : « A qui appartient le poisson », vous ouvrez de larges pistes de discussions et de réflexion sur les enjeux de la pêche, je veux dire des ressources halieutiques . L’opportunité s’offre à nous aujourd’hui de débattre de sujets essentiels comme la sécurité alimentaire dans la pêche, le cas des petits pélagiques en l’occurrence ; la surveillance participative.
La pêche occupe une place prépondérante dans notre économie nationale. Elle contribue à la fourniture de poisson riche en apport protéinique et calorifique indispensable à l’organisme mais également à l’augmentation des revenus dégagés par le secteur de la production et par la valorisation des sous produits
Au Sénégal, 80% des mises à terre sont assurées par la pêche artisanale et prés de 60% des produits destinés à l’exportation. Les femmes jouent un rôle très important dans la réduction des pertes post captures par le biais des activités de transformation artisanale des produits de la pêche.
Cependant la forte pression exercée sur la ressource par la pêche industrielle et artisanale ces dernières années a entrainé une diminution drastique de la ressource. Les démersales et les petits pélagiques sont particulièrement touchés alors que ceux-ci constituent l’alimentation de base des masses populaires. Les tendances actuelles nous imposent une rapide prise de conscience des menaces et la nécessité d’une cogestion saine et durable.
Cela semble être bien compris par la Coalition des acteurs professionnels de la pêche artisanale de Mbour (CPPAM) qui décide ainsi d’organiser en partenariat avec l’Association pour la Promotion et la Responsabilisation des acteurs de la Pêche Artisanale de Mbour (APRAPAM)ce présent forum autour des thèmes comme « A qui appartient le poisson ? « la pêche et la sécurité alimentaire, cas des petits pélagique » et la « surveillance participative ».
Nous espérons qu’au sortir de ce forum de fortes recommandations seront faites et que les préoccupations des acteurs seront prises en compte par les décideurs au bénéfice de la pêche au Sénégal en général et des professionnels et acteurs de Mbour en particulier.
Je souhaite plein succès aux travaux du deuxième forum de la Coalition des Professionnels de la Pêche Artisanale de Mbour.
Je vous remercie de votre attention.
Présentation de M. Chérif Y. NDIAYE, Technicien Supérieur des Pêches :
République du Sénégal
Un Peuple-Un But- Une Foi
Département de Mbour
COALITION DES GIE DE PÊCHE DU QUAI DE PÊCHE DE MBOUR
DEUXIEME FORUM DE LA COALITION DES GIE DU QUAI DE PÊCHE DE MBOUR
Mbour le 4 juillet 2011
Thème
CONTRIBUTION DE LA PÊCHE ARTISANALE A LA SECURITE ALIMENTAIRE ET A LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE
Présenté par Mr Chérif Y. NDIAYE
Conseiller en Planification-Technicien Supérieur des Pêches.
I. INTRODUCTION
La pêche a une importance considérable pour une grande partie de la population pauvre du monde. Elle contribue de manière significative à l’emploi et fournit un moyen de subsistance. Pour un plus grand nombre encore, en Afrique comme dans d’autres régions du monde, elle garantit la sécurité alimentaire et l’apport en nutriments essentiels.
La pêche artisanale constitue un filet de sécurité pour les populations pauvres et marginalisées et un moteur économique pour les pays du Sud.
Au regard des objectifs du millénaire pour le développement, la pêche apparaît comme un secteur clé, accessible à des millions de personnes vivant au dessous du seuil de la pauvreté.
Elle leur donne les moyens, d’une part d’améliorer leur situation et celle de leur famille en terme de revenus, d’apport nutritionnel et d’éducation et d’autre part, de contribuer activement au développement économique et à l’amélioration des conditions sociales et démocratiques de leur société.
Le poisson représente une importante source de protéines animales pour les populations sénégalaises. Aussi, la pêche constitue une composante essentielle de la politique de l’État en matière de sécurité alimentaire. Ce secteur permet de couvrir une part importante des besoins en protéines animales des populations et à des prix relativement bas principalement grâce aux poissons pélagiques.
II. PROBLEMATIQUE
Le poisson est un aliment de base vital pour plus d’un milliard de personnes dans le monde. La consommation individuelle de poisson augmente continuellement. De près de 10 kg dans les années 60, elle est passée à près de 17 kg en 2006.Pour les poissons et les crustacés, elle varie à l’heure actuelle de 1 à 100 kg par personne et par an selon les régions. A lumière du développement démographique, on estime qu’en 2030 on aura besoin de 37 millions de tonnes de poisson supplémentaires pour maintenir le niveau de consommation actuel.
En Afrique, pour deux cent millions de personnes, le poisson représente entre 22 et 70 % des protéines animales consommées. Pour les villages isolés des campagnes, comme pour les populations démunies des villes, il représente souvent l’unique source de protéines et de
nutriments essentiels. Pourtant, en Afrique, la consommation recule. Aujourd’hui, les africains consomment deux fois moins de poisson par habitant que la moyenne mondiale.
Au Sénégal, dans toutes les régions (à l’exception de Tambacounda), la part du poisson dans la consommation est de 35,7Kg/an per capita et représentent environ 70% des protéines. Cette dimension confère à la pêche un rôle fondamental pour le développement humain en ce qu’elle participe à l’amélioration des conditions de vie des populations, surtout en ce qui concerne l’aspect nutritionnel si l’on sait qu’aujourd’hui, près de 1/6ème de la population mondiale souffre de la faim.
Selon le PAM – La faim dans le monde2009: « Aujourd’hui, 925 millions de personnes dans le monde sont sous-alimentées : une personne sur sept n’a pas suffisamment de nourriture pour mener une vie saine et active. La faim et la malnutrition sont, au niveau mondial, le risque numéro un à la santé humaine – leur impact dépasse celui du SIDA, du paludisme et la tuberculose réunis. Les enfants et les femmes sont les plus exposés et plus vulnérables aux conséquences de la faim et les pays en développement notamment ceux de l’Afrique subsaharienne sont les plus touchés par cette pandémie
Parmi les causes de la faim, on compte les catastrophes naturelles, les conflits, la pauvreté, les infrastructures agricoles insuffisantes et la surexploitation des ressources naturelles. Plus récemment, les crises financière et économique ont poussé encore plus de personnes dans le gouffre de la faim ».
« Au-delà de la faim évidente, celle que l’on ressent physiquement, il existe une faim cachée de déficiences micro-nutritionnelles qui rendent les personnes plus vulnérables aux maladies, qui déstabilisent le développement physique et mental, réduisent la productivité de main d’œuvre et augmentent les risques de mort prématurée.
La faim ne pèse pas seulement sur l’individu. Elle impose une entrave économique au monde en développement. Les économistes estiment que chaque enfant dont le développement physique et mental est retardé par la malnutrition, perdra entre 5 et 10 pourcent de revenus au cours de sa vie.»(Source : PAM : la faim dans le monde-2009).
Le développement du sous-secteur de la production a toujours constitué un objectif prioritaire pour les autorités publiques sénégalaises. Les opérations de pêche ont été considérablement améliorées, notamment par l’emploi d’embarcations motorisées, de nouveaux engins de pêche comme la senne tournante et la mise en œuvre de diverses mesures incitatives.
Cependant, du fait des conditions d’accès dans la Zone Economique Exclusive (ZEE), d’exploitation et d’utilisation des ressources halieutiques, la contribution du secteur de la pêche aux plans de la lutte contre la pauvreté et la sécurité alimentaire risque d’être hypothéquée à moyen terme si des mesures urgentes ne sont pas prises pour l’aménagement et la gestion des pêcheries particulièrement de la pêche artisanale.
Dans son introduction, le Code de Conduite pour une Pêche Responsable «reconnaît l’importance nutritionnelle, économique, sociale, environnementale et culturelle de la pêche». Le Code décrit un de ses objectifs comme étant de «promouvoir la contribution de la pêche à la sécurité alimentaire et à la qualité des aliments tout en donnant la priorité aux besoins nutritionnels des communautés locales» (Art. 2 (f)). Le code reconnaît également que l’aménagement des pêches devrait se faire dans un contexte de «sécurité alimentaire, de réduction de la pauvreté et de développement durable» (Art. 6.2).
III. IMPORTANCE ECONOMIQUE DE LA PECHE AU SENEGAL
3.1- Données économiques et sociales
Au Sénégal, le secteur des pêches est une, composante essentielle du développement rural. Il joue un rôle stratégique et de soutien à la croissance de l’économie nationale en contribuant notamment à la réduction du déficit de la balance des paiements et du chômage.
La pêche occupe une place prépondérante dans la politique publique de création d’emplois. Elle génère aujourd’hui près de 63 000 emplois directs aux pêcheurs nationaux dont 94 % sont fournis par la pêche artisanale soit 59.220 Pêcheurs (Statistiques Direction des pêches -; moyenne de 2000à 2010).
Le potentiel halieutique est estimé à 500 000 tonnes par an dont 375 000 tonnes de petits pélagiques, ce qui fait du Sénégal l’un des principaux pays de pêche maritime de l’Afrique intertropicale. Les captures totales du Sénégal fluctuent d’une année à l’autre mais se situent en moyenne à environ 423.500 000 tonnes entre 2000 et 2010 pour une valeur estimée à 131,482 Milliards de francs au débarquement. Entre 2006 et 2009, le secteur a contribué en moyenne pour 1,5% au PIB total, 16,3% au Budget de l’Etat, 10,4% au PIB du secteur primaire et 21,53% aux exportations sénégalaises.
3.2- Etat des Ressources maritimes et niveaux d’exploitation
Les principales ressources exploitées dans la ZEE du Sénégal présentent différents états d’exploitation :
- La pêche des poissons démersaux côtiers et des céphalopodes fait l’objet d’une rude concurrence entre les pêcheries artisanales et industrielles. Les évaluations les plus récentes du Centre de Recherches Océanographiques de Dakar Thiaroye (CRODT), les indices observés au niveau de la production débarquée ainsi que les constats quotidiens des pêcheurs artisanaux ou industriels suffisent aujourd’hui pour confirmer que les poissons démersaux côtiers montrent tous les signes d’une ressource surexploitée.
- les ressources pélagiques côtières (sardinelles, chinchards, maquereaux, ethmaloses) n’inspirent pas d’inquiétudes majeures à l’exception de la Petite Côte où une surexploitation locale des sardinelles a été observée. Dans cette zone, les juvéniles et les jeunes reproducteurs de sardinelles subissent une forte pression de pêche (pirogues à sennes tournantes, sardiniers et chalutiers pélagiques).
- Des quantités importantes des ressources de pêche du Sénégal ont quasiment ou définitivement atteint des niveaux de pleine exploitation. Certaines ressources ont peut être déjà dépassé le rendement maximal durable. Ceci crée une situation dangereuse avec laquelle la pêche reste une activité libre et l’effort de pêche, surtout dans le secteur artisanal, continue d’augmenter sans contrôle.
3.3- Indicateurs socio économiques de la pêche artisanale
En ce qui concerne la pêche artisanale, les indicateurs socio économiques se présentent comme suit au cours de la dernière décennie :
Selon les statistiques nationales, le nombre de pirogues actives de la flotte artisanale est passé de 10.707 en 2000 à 8.738 en 2010, et en en moyenne 9.288 embarcations qui ont participé chaque année aux opérations de pêche.
En se référant aux récentes données du Programme National d’Immatriculation Informatisée(PNI) du parc piroguier au 27 juin 2011, le parc piroguier s’est accru de façon très significative. Celles-ci se présentent ainsi qu’il suit :
- Nombre de pirogues motorisées : 19.075 dont 17.699 dans la frange maritime ;
- Nombre de pêcheurs embarqués (estimation sur la base de l’effectif moyen par type de pêche) :114.335.
La croissance des activités de pêche artisanale dépend en partie de la croissance démographique dans les zones côtières, du rôle de la pêche comme filet de sécurité sociale, et des problèmes affectant le secteur agricole au Sénégal.
Les débarquements totaux sont demeurés relativement stables à près de 400.000 tonnes par an et la pêche artisanale en réalisant la majorité des débarquements est parvenue à dominer les chaînes d’approvisionnement pour les marchés locaux et internationaux avec une moyenne de 366.392 tonnes par an entre 2000 et 2010.
Conséquemment, au regard de ce qui précède, On peut sans trop se tromper affirmer qu’il ya une augmentation de la capacité de pêche et probablement de l’effort de pêche. Ces deux facteurs qui le plus souvent entraînent des comportements de pêche non responsable et forcément non durable requièrent qu’une approche de précaution doive présider dans l’exploitation et la gestion des ressources halieutiques pour que la pêche continue de contribuer à la lutte contre la pauvreté et à la sécurité alimentaire.
3.4- Place du département de Mbour
S’agissant du département de Mbour, les données relatives à aux indicateurs socio économiques du sous secteur de la pêche artisanale se présentent comme suit :
- Nombre de pirogues actives : 4.081 (recensement PNI)
- Nombre de pêcheurs : 26.020 (estimation)
Les éléments de production n’ont pu être collectés du fait de la consolidation des données statistiques par région au niveau national. A titre indicatif, les données de la région de Thiès pour les années 2009 et2010 ci-après peuvent donner une indication de la place dominante du département dans la région et au niveau national compte tenu de son armement et du nombre de pêcheurs.
« Pour l’ensemble de la région de Thiès, en 2010, 230 296 tonnes de produits halieutiques ont été débarquées pour une valeur commerciale estimée à de 55 478 647 045 FCFA contre 234 674 tonnes en 2009 pour une VCE de 57 910 241 510 FCFA. Une diminution de la production de l’ordre de -1,86% par rapport à 2009 a été notée ; de même que la VCE de l’ordre de 4,19% pour cette même période. » (Source : Service d départemental des pêches de Mbour).
IV- CONTRIBUTION, RÔLE ET IMPORTANCE DES PÊCHES ARTISANALES, LA RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ ET LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE.
Pour mieux apprécier la contribution de la pêche artisanale dans la réduction de la pauvreté et la sécurité alimentaire, il est utile de donner les définitions des concepts clés y afférents.
Pauvreté.
Le Rapport sur le développement humain, dans une discussion sur la pauvreté et le développement humain, a déclaré que La pauvreté signifie l’impossibilité d’accéder aux opportunités et choix indispensables au développement humain – vivre plus longtemps, rester en bonne santé, mener une vie stimulante et posséder un standard de vie décent, la liberté, la dignité, le respect de soi-même et le respect des autres.
Réduction de la pauvreté.
Dans le contexte de ces directives, la réduction de la pauvreté est un processus qui permet aux populations qui s’engagent/investissent dans des activités de pêche d’accéder, avec le temps, à de meilleures conditions de vie.
Sécurité alimentaire.
Le Sommet mondial de l’alimentation qui s’est tenu en 1996, a défini la sécurité alimentaire comme «le droit de chaque être humain d’avoir accès, physiquement et économiquement, à une nourriture saine et nutritive pour satisfaire ses besoins nutritionnels et ses préférences alimentaires et lui permettre de mener une vie saine et active».
La capacité d’un pays à produire de quoi nourrir sa population, citée comme autosuffisance alimentaire nationale, n’est ni nécessaire ni suffisante pour garantir la sécurité alimentaire aux particuliers/ménages. Dans certains pays capables de satisfaire leurs propres besoins il n’est pas rare de trouver une grande partie de la population en situation d’insécurité alimentaire; d’autres pays qui ne sont pas autosuffisants peuvent, par contre, grâce aux produits qu’ils sont en mesure d’importer, ne manifester qu’un faible niveau d’insécurité alimentaire.
Dans le cas de l’autosuffisance nationale qui assure la sécurité alimentaire individuelle, elle exige et présuppose l’existence de mécanismes efficaces d’écoulement, de redistribution et de droits de transfert.
Un autre aspect de la sécurité alimentaire est sa relation avec les méthodes de production. La pêche peut contribuer directement à la sécurité alimentaire par le biais de la fourniture de poisson (c’est-à-dire par l’intermédiaire des mécanismes de subsistance). Elle peut aussi contribuer indirectement à la sécurité alimentaire grâce aux revenus dégagés par le secteur de la production et les activités de traitement et de commercialisation connexes (que les particuliers concernés travaillent à leur compte ou qu’ils perçoivent des salaires) qui serviront à acheter des vivres.
La sécurité alimentaire est une dimension fondamentale de la pauvreté. Les personnes qui sont frappées de pauvreté chronique généralement sont sous-alimentées. La malnutrition affaiblit les facultés de travailler et d’apprendre et peut même affecter les groupes vulnérables situés juste au-dessus du seuil de pauvreté, risquant ainsi de les faire passer dans les rangs des pauvres. L’élimination de la faim et de la malnutrition, par conséquent, est une condition préalable à l’éradication de la pauvreté.
4.2- Pêches artisanales et réduction de la pauvreté
4.2.1-Contribution des pêches artisanales à la croissance économique au niveau national
La pêche artisanale contribue de diverses façons à la croissance économique au niveau nationale. Parmi celles-ci les domaines de contribution les plus significatives concernent principalement :
4.2.1.1- L’apport de devises étrangères
Les pêches artisanales, grâce aux devises étrangères dérivant du commerce international, contribuent dans une grande mesure à l’économie nationale.
Les pêches artisanales jouent un rôle de plus en plus important dans les exportations de poisson principalement dans les pays de l’union européenne pour les espèces démersales et l’Afrique essentiellement pour les pélagiques. Au Sénégal, la part des captures de la pêche artisanale dans l’approvisionnement des usines d’exportation est estimée à près de soixante pour cent (plus de 60 %).
4.2.1.2- Effets multiplicateurs/PIB
Les pêches artisanales soutiennent la croissance économique nationale par le biais des contributions au PIB. La contribution significative du secteur des pêches au PIB (1,5% du PIB national et 10,4% du secteur primaire s’explique du fait que les pêches sont un secteur économique-clé, si on le compare aux autres secteurs de l’économie nationale.
4.2.1.3- Création d’impôts
Les pêches artisanales, de par la génération d’impôts divers, contribuent à la croissance économique nationale. Cela est en particulier le cas où (i) les débarquements de poisson sont concentrés en quelques endroits seulement où il est facile de recouvrer les impôts (ex: les quais de débarquement); et (ii) le processus de décentralisation offre des possibilités aux gouvernements locaux d’encaisser les rentes (ex : convention de concession des quais de débarquement aux collectivités locales). Le poisson étant un produit très en vue, son commerce est facilement imposable.
4.2.2- Contribution des pêches artisanales aux économies locales
Le poisson figure au nombre des quelques produits, dans certaines économies rurales, susceptibles de procurer de l’argent comptant pour stimuler la demande alors que les autres produits alimentaires sont le plus souvent échangés ou consommés dans les foyers.
4.2.3- Contribution des pêches artisanales à la réduction de la pauvreté dans les foyers
On estime que 60.000 personnes en moyenne au Sénégal sont des pêcheurs et pratiquent les pêches de capture artisanales en eaux marines. En supposant que le taux d’occupation dans des activités directes en amont et en aval soit de1 à 3, les moyens d’existence de 180.000 personnes, seraient donc garantis par les pêches artisanales et les activités étroitement liées (transformation, commercialisation, services auxiliaires, etc.). Si, en moyenne, il y a deux autres dépendants pour chaque tâche, on peut alors dire qu’il y aurait quelques 540.000 d’individus tributaires des pêches artisanales au Sénégal.
En rapportant les mêmes coefficients utilisés ci-dessus aux données récentes du Programme Nationale d’Immatriculation informatisée des pirogues (PNI), toutes choses étant égales par ailleurs le nombre d’occupation directe en amont et en aval de la production et d’emplois créés par les activités connexes seraient respectivement de 457.334 et 686.000 ,portant le nombre total d’emplois générés par la pêche artisanale à 1.143.334 dont un nombre important de femmes dans les filières de la transformation artisanale et du micro mareyage surtout dans les régions de Thiès, Saint-Louis, et Dakar , qui contribue ainsi largement à la résorption du chômage.
4.3- Place des petits pélagiques dans sécurité alimentaire et la lutte contre la pauvreté
Les poissons pélagiques côtiers constituent, en tonnage débarqué, les ressources marines les plus importantes au Sénégal. En moyenne, selon les périodes, les pélagiques peuvent représenter entre 70% et 80% des prises réalisées dans la ZEE sénégalaise. Les captures totales de pélagiques côtiers sont largement dominées par les sardinelles (rondes et plates). En moyenne, la production artisanale représente près de 70% de la production totale nationaledont 242.917 tonnes de pélagiques en moyenne annuelle entre 2000 et 2010 soit 66,3% des débarquements totaux. Les sardinelles constituent le tonnage le plus important des mises à terre avec un tonnage de 224.741tonnes représentant 92,52% des débarquements de la pêche artisanale et 61,3% des débarquements nationaux.
L’importance de la contribution des petits pélagiques dans la lutte contre la pauvreté et la sécurité alimentaire au Sénégal est une réalité incontestable qui se vérifie à partir des paramètres communément utilisés pour leur mesure et concernent principalement :
4.3.1- Création d’emplois et de revenus
En rapportant les mêmes proportions de contribution citées précédemment on peut estimer que les activités générées par les pélagiques procureraient des emplois et revenus à 34.330 pêcheurs, 102.290 emplois directs en amont et en aval et 205.980 emplois indirects soit un total de 342. 600 personnes. A cet égard, le nombre de femmes qui s’investissent dans cette filière sur toute l’étendue du territoire est de loin le plus important à travers la transformation artisanale et le micro mareyage.
4.3.2- La consommation per capita
La moyenne nationale de consommation de poissons per capita est estimée à 35,4 kg par an. Le tonnage destiné à la consommation nationale (consommation locale, mareyage interrégional, produits transformés) est estimé en moyenne à 87.357tonne/an soit 23 ,84% de la production débarquée. Les pélagiques qui constituent l’essentiel des produits halieutiques consommés, à hauteur de 90% du volume, fourniraient 78.620 tonnes. Toutes choses égales par ailleurs, en rapportant la proportion des pélagiques sur ce tonnage on peut estimer que leur contribution dans la consommation des poissons pélagiques per capita au Sénégal est de 31,85 kg/an.
Cette contribution est vraisemblable si on considère que la consommation des pélagiques a augmenté considérablement au cours de ces deux dernières décennies, surtout après la dévaluation du francs Cfa en intervenue en 1994 qui a privilégié l’exportation des produits démersaux vers les pays de l’Union européenne en particulier. En effet, les produits des pélagiques sont devenus les seuls accessibles à la majorité des consommateurs surtout ceux à faible revenus.
Au demeurant, il faut également signaler la part importante des espèces pélagiques sous forme de divers produits exportés vers les pays de la sous région. Ils ainsi, contribuent aussi bien au développement des échanges et à l’amélioration de la balance commerciale du Sénégal avec les pays importateurs mais également à la sécurité alimentaire dans ces pays.
4.4- Contraintes majeures à la contribution de la Pêche artisanale à la sécurité alimentaire et la lutte contre la pauvreté
4.4.1- Questions relatives à la gestion durable des pêches maritimes au Sénégal.
Le libre accès était la norme dans les pêches de capture. Les pêcheurs estimaient que chacun avait le droit de pêcher ce qu’il voulait ou ce qu’il pouvait. Aujourd’hui, on s’accorde à dire qu’il est indispensable de restreindre et de contrôler strictement les captures de poissons sauvages, car la durabilité de la ressource en dépend.
La surpêche peut entraîner une baisse des captures et une réduction des approvisionnements en nourriture au niveau local. Un accès libre entraîne une dissipation des rentes économiques et la richesse dans le secteur est difficile, voire impossible à générer. Si les stocks côtiers de poisson du Sénégal sont de plus en plus exploités et si les écosystèmes marins dont ils dépendent deviennent plus en plus dégradés par la pollution, les méthodes destructrices de pêche et les effets du changement climatique, les pressions sur les stocks locaux augmenteront encore davantage si un régime d’accès libre est maintenu. Si à l’avenir les pêcheurs artisanaux n’ont pas accès aux eaux territoriales des pays voisins et sont contraints de pêcher dans leurs eaux nationales, il y aura encore plus de pression sur les stocks existants et sur l’écosystème marin.
Étant donné que les communautés de pêcheurs artisanaux sont généralement pauvres, elles sont aussi, pour la plupart, celles qui cherchent le plus à se développer par tous les moyens. La gestion des pêches essentielles, par conséquent, ne devrait pas être vue comme le but final et le but ultime devrait être de développer et rendre effectives des méthodes, compatibles avec le Code de conduite pour les pêches responsables de la FAO, qui tiennent compte de l’usage optimal des ressources et constituent une contribution au plein accomplissement de l’autoréalisation des pêcheurs et autres parties prenantes.
Il est donc nécessaire de mettre en œuvre une gestion éco systémique efficace des pêches maritimes pour permettre la mise en valeur à long terme du secteur des pêches.
Des indicateurs rentables et fiables, des mesures de gestion plus précises et bien comprises et le renforcement des capacités des communautés dans tous les aspects de la gestion sont les options les plus accessibles.
4.4.2- Questions relatives à l’aménagement et l cogestion des pêcheries
La gestion des stocks partagés en particulier celle des petits pélagiques doit être une priorité pour les Etats membres de la CSRP en raison de leur importance économique, sociale et écologique.
La migration des pêcheurs dans la sous région à la recherche des espèces de poissons pélagiques, crée souvent des problèmes transfrontaliers aigus. Il est crucial que cette dimension sociale et humaine soit prise en compte dans la gestion de ces ressources ainsi que dans l’élaboration des politiques d’aménagement de ces pêcheries et dans leur mise en œuvre.
Le dernier rapport du groupe de travail de la FAO (Sénégal, Mai 2008) fait ressortir un état pleinement exploité ou surexploité des petits pélagiques. Ainsi, la majorité de ces espèces nécessite une réduction de l’effort de pêche global. C’est le cas notamment de la sardinelle ronde (Sardinella aurita) et le maquereau (Scomber japonicus) pour lesquels des recommandations ont été formulées pour la mise en place de mesures d’aménagement afin d’améliorer la production.
Un épuisement des stocks de petits pélagiques aurait un effet dévastateur sur les revenus des pêcheurs, l’emploi, la sécurité alimentaire et les recettes des gouvernements des pays de la sous région. En outre, il affecterait l’équilibre général de l’écosystème dans lequel les stocks de petits pélagiques sont une composante vitale.
L’accroissement récent de l’effort de pêche sur les différents stocks de petits pélagiques fait peser des menaces importantes sur les pays de la sous-région. En cas d’épuisement de certains stocks, cela signifierait des baisses conséquentes de ressources budgétaires (Mauritanie), des pertes de ressources pour la pêche artisanale (Mauritanie, Sénégal et Gambie) et une diminution de la disponibilité en ressources alimentaires pour les pays de la sous-région et même de l’Afrique centrale qui reste le principal marché des flottes industrielles. Les conséquences socio-économiques seraient ainsi très importantes pour les populations côtières qui vivent de la pêche (pêcheurs, transformateurs traditionnels, commerçants), et les risques environnementaux très élevés (report sur d’autres espèces, accroissement de la pêche INN en conséquence de l’état de surcapacité des flottes). Compte-tenu du contexte de surexploitation de certains stocks et de tendance à l’augmentation de l’effort de pêche), il devient urgent de tenter de solutionner ce problème et d’amener les pays côtiers concernés à s’entendre sur un mode de gestion et de conservation d’une ressource partagée.
4.4.3- Question relative à la valorisation des produits
Maintenant que les ressources halieutiques sauvages ont atteint leur plein potentiel (et qu’elles sont souvent épuisées en raison de la surpêche), l’objectif des stratégies de mise en valeur n’est plus la hausse des volumes de capture, mais la garantie d’une utilisation optimale et plus durable des ressources halieutiques disponibles.
Les aspects liés à la valorisation, ont été peu pris en compte, notamment la transformation artisanale et le mareyage du poisson. Or, il apparaît aujourd’hui que ces deux activités jouent un rôle très important dans le secteur surtout au niveau du sous secteur de la pêche artisanale, par le nombre d’emplois créés, les revenus générés et leur contribution significative à l’alimentation des populations. . Il devient donc impératif de mieux cerner ces segments de la filière, d’autant plus que le poisson est en train de devenir le seul aliment de base des populations locales à faibles revenus. Les stocks étant menacés, il ne s’agit plus de produire d’avantage mais plutôt de valoriser au mieux les niveaux actuels de captures.
4.4.4- Questions relatives à la bonne gouvernance du secteur
Le manque de transparence qui gouverne l’accès aux ressources est un important élément qui mène à la surexploitation des ressources.
Les principaux facteurs qui entravent la bonne gouvernance dans le secteur des pêches peuvent être attribués à :
- la déficience et l’inefficacité de la politique de gouvernance qui souffre de démocratique et de transparence dans la gestion intérieure des pêches ;
- l’inefficacité des actions menées dans la lutte contre la pêche non durable et la marginalisation des communautés côtières qui dépendent de la pêche pour vivre.
V. Mesures pouvant être prises pour la limitation de l’effort de pêche de gestion durable et de consolidation de la pêche artisanale dans la lutte contre la pauvreté et la sécurité alimentaire.
5.1- Limitation et régulation de la capacité et de l’effort de pêche
Les caractéristiques générales d’exploitation des petits pélagiques peuvent se résumer comme suit:
• Caractère multi-pays et multi-acteurs des pêcheries pélagiques.
• Extrême variabilité naturelle des ressources pélagiques (en termes de composition, d’abondance, de distribution).
• Absence de critères pour l’allocation et le partage des ressources pélagiques entre les acteurs intéressés (pêche industrielle étrangère, flottilles artisanales) ;
L expérience menée à Cayar en 1992 et à Saint-Louis pour la pêche à la senne tournante qui a limité l’effort de pêche de cet engin respectivement à une seule sortie quotidienne et une sortie tous les deux jours, pour la pêche à la ligne à Cayar à deux caissons pourrait être vulgarisée et généralisée au niveau des différentes localités de du littoral.
Les objectifs visés par cette mesure étaient, entre autres, la durabilité des ressources halieutiques et la création d’une meilleure mise en marché des débarquements.
5.2- Aménagement et cogestion
La gestion des pêches devrait tout d’abord être vue comme le niveau minimal essentiel pour assurer sa mise en œuvre urgente et un usage durable de la ressource. Dns ce cadre, la gestion des pêches artisanales devra surtout impliquer la pleine participation des pêcheurs et autres parties prenantes dans tous ses aspects.
En termes de processus d’application des mesures de conservation, on se rapportera aux conclusions de l’une des réunions de sensibilisation promues par le Projet Petits Pélagiques, où un constat sur les différents aspects de non-respect de la réglementation a été établi et des mesures pratiques proposées.
Ces constats font ressortir :
•l’importante contribution des ressources pélagiques aux économies nationales (emplois, revenus, recettes, devises, sécurité alimentaire).
•l’absence de plans d’aménagements spécifiques pour ces pêcheries.
• Plan d’aménagement spécifique sur les petits pélagiques.
Parmi les mesures pouvant être mises en œuvre figurent celles concernant :
• les mesures de gestion relatives au segment artisanal ;
• le cadre juridique permettant le suivi de mesures de gestion.
La mise en œuvre de l’ensemble de ces mesures de régulation et de cogestion ne devrait en principe poser de problème majeur si l’on se réfère au niveau d’organisation et de structuration des acteurs ainsi qu’aux instances de concertation et de prise de décisions existantes, notamment les Comités locaux de pêche(CLP) où l’ensemble des catégories socioprofessionnelles des acteurs sont représentées de même que les services techniques compétents.
Des actions de sensibilisation et une large concertation des acteurs devraient pouvoir aboutir à amener les pêcheurs à les adopter. Il reste entendu que leur exécution sera fonction de la spécificité des terroirs aux plans des types de pêches pratiquées et les espèces ciblées.
Il s’agira en l’occurrence de renforcer ces organes aux plans juridiques (notamment par la prise en compte des normes, us et coutumes traditionnels locaux acceptés), technique et matériel et leur donner une certaine autonomie dans la limite permise par la législation en vigueur.
5.3- Gouvernance
Les acteurs de la pêche artisanale peuvent jouer un rôle important dans la gouvernance du secteur des pêches du fait de leur poids démographique et de leur niveau d’organisation.
Aujourd’hui, il existe sur toute l’étendue de la zone maritime des organisations présentant un niveau d de structuration qui leur permettrait avec un peu de bonne volonté, d’initiative et d’implication effective d’être des partenaires crédibles des institutions en charge le la gouvernance du secteur.
A ce titre, ils devraient pouvoir se positionner en force de proposition et interpeller les autorités compétentes sur les questions importantes et fondamentales concernant la bonne marche du secteur. En l’occurrence, ils devraient adopter une attitude proactive par rapport aux évènements et situations qui procèdent de l’administration et la gestion du secteur.
A cet égard, ils doivent initier et mettre en œuvre au niveau de leurs localités respectives des actions allant dans le sens de l’application des règlements ,qu’ils soient d’ordre législatif que ceux édictés par les normes et pratiques unanimement acceptées dans leurs communautés fondées sur le savoir traditionnel local, en autant que ceux-ci ne soient pas en contradiction avec les textes en vigueur.
Au demeurant, les administrations en charge de l’administration et de la gestion du secteur doivent délier dans l’esprit de la bonne gouvernance, un partenariat tant avec les acteurs locaux que des partenaires étrangers, des accords privilégiant les aspects liés à la promotion de la pêche durable.
Dans ce cadre, les organisations de la pêche artisanale doivent être renforcées dans les aspects relatifs notamment à :
- L’instauration d’un processus délibératif approprié permettant la confrontation des intérêts et valeurs en présence pour prendre des décisions plus cohérentes et légitimes ;
- La définition de conditions et voies opportunes permettant l’intégration et l’identification formelle des acteurs en vue de structurer leur participation afin de garantir un objectif commun ;
- La mise en place d’un système d’information adéquat permettant la mise à disposition de l’information, la facilitation de la participation et l’appui au partage de l’information ;
- Au renforcement des capacités des acteurs par la sensibilisation, l’éducation et la formation en vue de leur permettre :
- D’être des partenaires crédibles avec l’Etat et les institutions dans l’identification et la misse en œuvre des politiques et programmes
- La participation effective et efficace dans la cogestion des pêcheries et des aires aménagées.
5.4- Valorisation et distribution des produits
La diversité des modes de valorisation des petits pélagiques pour la consommation humaine ou animale à travers la transformation artisanale et le mareyage pour la consommation directe en frais procure de nombreux avantages notamment:
- La réduction des pertes post-capture augmentant ainsi la disponibilité des produits à la consommation et permettant de résorber une bonne proportion du déficit de l’offre par rapport une demande croissante ;
- La création de valeur ajoutée permettant d’augmenter les revenus des opérateurs du fait de l’amélioration de la qualité sanitaire, hygiénique et nutritionnelle de produits.
Des efforts importants doivent être faits dans la valorisation des produits issus de la pêche artisanale, particulièrement dans le domaine de la transformation artisanale et surtout au niveau de la Pette-Côte où cette activité est très développée et génère un nombre important d’emplois et de revenus essentiellement pour les femmes pour qui, ces espèces constituent la principale matière première.
La réussite d’un programme de valorisation des produits pélagiques requière des efforts importants en renforcement de capacités de tous les acteurs de ces filières en amont comme en aval par des actions de sensibilisation, d’éducation et de formation mais aussi, de la réalisation d’infrastructures adaptées et l’utilisation d’équipements plus performants pour tirer le maximum des opportunités offertes par les activités concernées.
Présentation de M. Adama FAYE , Ingénieur Halieute DPSP, sur la Surveillance Participative des Ressources Halieutiques :
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Photo : Aprapam
Présentation de la HASSMAR (Haute autorité chargée de la coordination et de la sécurité maritime, de la sûreté maritime et de la protection de l’environnement marin) :
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