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Pêche artisanale : les mauvaises pratiques qui menacent nos océans et nos communautés
"Les filets monofilaments, bien que formellement interdits par la loi, continuent d’être largement utilisés...
Au Sénégal, les océans sont en crise
La pêche artisanale, qui nourrit des milliers de familles et constitue un pilier économique, fait face à des défis sans précédent. En cause : des pratiques destructrices qui mettent en péril les ressources marines et l’avenir même des communautés côtières.
"Les filets monofilaments, bien que formellement interdits par la loi, continuent d’être largement utilisés. Ces filets piègent tout sur leur passage, détruisant les écosystèmes fragiles et appauvrissant les ressources halieutiques," alerte Gaoussou Gueye, président de l’APRAPAM (Association pour la Promotion et la Responsabilisation des Acteurs de la Pêche Artisanale Maritime).
Des océans asphyxiés
Les filets monofilaments ne sont pas le seul problème. Chaque jour, des tonnes de déchets, surtout plastiques, se retrouvent abandonnées dans les eaux sénégalaises. Ce plastique, ingéré par les poissons et les mammifères marins, perturbe la chaîne alimentaire.
Par ailleurs, la pêche des juvéniles continue de sévir. Les poissons immatures, capturés avant d’avoir pu se reproduire, affaiblissent les stocks et compromettent leur renouvellement. Ajoutez à cela la plongée sous-marine pratiquée, arrachant sans discernement les ressources des fonds marins, et le tableau devient alarmant.
"Nous voyons les impacts directement : des prises qui diminuent, des revenus en chute libre, et des familles qui luttent pour joindre les deux bouts," s’alarme M. Gueye.
Des solutions pour un avenir durable
Face à ce constat préoccupant, l’APRAPAM propose une série de recommandations pour inverser la tendance et sauver la pêche artisanale :
1️⃣ Renforcer la discipline et le respect des lois.
"Il est impératif que l’administration des pêches soit plus rigoureuse dans l’application des réglementations. Les sanctions doivent être dissuasives, mais nous devons également accompagner les acteurs avec des campagnes de sensibilisation et de formation," précise le président de l’association.
2️⃣ Encourager des pratiques responsables.
Pour aider les pêcheurs à adopter des comportements durables, l’APRAPAM propose la subvention et l’achat d’équipements conformes, tels que des filets écologiques. "Nous devons valoriser les efforts des professionnels responsables en créant des labels de pêche durable qui offrent une reconnaissance et un avantage commercial," propose-t-elle.
3️⃣ Rapprocher l’administration des acteurs.
"Les pêcheurs doivent se sentir écoutés et soutenus. Il est essentiel de renforcer les liens entre les autorités et les communautés à travers des dialogues réguliers et des initiatives conjointes," recommande l’APRAPAM.
Un enjeu collectif
L’avenir des océans sénégalais repose sur une responsabilité partagée. Les pêcheurs artisans, souvent premiers impactés, doivent devenir les protecteurs des ressources marines. Les autorités, quant à elles, doivent garantir une application stricte des lois et offrir des solutions viables.
"Nous devons agir maintenant. Chaque jour qui passe, nous perdons un peu plus de notre richesse marine. Si nous ne faisons rien, c’est l’avenir de nos enfants qui est en jeu," conclut Gaoussou Gueye.
Vers un changement de mentalité et de pratiques
Pour sortir de cette crise, un changement profond de comportement des acteurs est indispensable. Les pêcheurs artisans doivent comprendre que leurs pratiques actuelles ont un impact direct sur leur avenir et celui de leurs familles. "Adopter des pratiques responsables n’est pas seulement une obligation légale, c’est aussi un acte de survie," insiste l’APRAPAM. Cela passe par une meilleure sensibilisation à l'importance de préserver les ressources et par des engagements concrets à respecter les normes en vigueur.
Les océans ne peuvent attendre. Ce combat pour une pêche artisanale durable est un combat pour la survie des communautés et pour le Sénégal de demain.